Reportage

PERSPECTIVES 2020
Jongler entre croissance démographique et pénurie foncière

Les aménageurs publics et privés vont devoir composer, en 2020 et au-delà, avec la zéro artificialisation nette. Cette mesure, inscrite au Plan Biodiversité du gouvernement, va avoir pour conséquence de modifier les règles d’urbanisme, pour favoriser le renouvellement urbain et la densification de l’habitat, et de renaturer les espaces artificialisés laissés à l’abandon.

Un défi pour les élus et les professionnels du Languedoc. Il faut bousculer les habitudes.

Le nouveau Scot (schéma de cohérence territoriale) de Montpellier Méditerranée Métropole sanctuarise ainsi les deux tiers de son territoire pour les zones agricoles et les espaces naturels. Dans la capitale languedocienne, les programmes de renouvellement urbain se multiplient : Zac de l’EAI, programmes de Cogedim à Prés d’Arènes, de Spag Développement sur l’ancienne clinique Saint-Roch, de la métropole sur l’ancienne maternité (pour le conservatoire à rayonnement régional) ou encore de Bouygues Immobilier Languedoc sur l’emprise de l’actuelle clinique Saint-Jean.

« Il y aura de plus en plus de projets de ce type à Montpellier, dans une logique de recompositions urbaines de ses faubourgs », analyse Sébastien Robert, directeur des agences Bouygues Immobilier Languedoc et Roussillon. Le « zéro artificialisation nette » a électrisé l’étape régionale du Tour de France de l’aménagement, organisé par l’Unam, le 3 décembre à Narbonne. « Certaines choses ne sont plus possibles, comme ces terrains de foot situés en cœur de village, sur du foncier constructible, décrypte Philippe Roussel, associé gérant de Terres du Soleil (Saint-Jean-de-Védas). Il faut les transférer en périphérie, pour densifier les cœurs de ville. » A Montpellier, il faudra suivre les zones stratégiques identifiés par le Scot, notamment « le secteur Castelnau-Sablassou, le secteur de Grèzes le long de la future ligne 5 du tramway, la zone du Salaison à Vendargues, ou encore le quartier de MIN (marché d’intérêt national) à Garosud, glisse une source proche. Autour du MIN, le foncier devra être optimisé pour implanter de nouvelles activités productives et logistiques. Les entrepôts et ateliers ont tendance à être exclus de la ville, mais pensons aux coûts logistiques d’acheminement, et à la rareté du foncier, qui sévit également en périphérie. »

 

L’EPF Occitanie accélère les conventions avec les collectivités

L’EPF (établissement public foncier) Occitanie a signé 50 conventions en 2019 avec des collectivités. « Elles se positionnent de plus en plus en amont sur la question foncière, le foncier devenant une denrée rare en ex-Languedoc-Roussillon, observe Sophie Lafenêtre, directrice de l’EPF. Sur les 50 conventions signées, 60 % à 70 % portent sur du renouvellement urbain. La tendance au ‘recyclage’ s’amplifie, y compris sur les zones d’activités. Un travail est engagé avec la FPI Occitanie Méditerranée pour travailler le modèle économique de ces opérations. »

L’experte observe l’apparition d’opérations de taille médiane. « Le monde de la construction commence à se préparer à faire sortir des programmes de renouvellement urbain de 20 à 40 logements, et non plus de plusieurs centaines de logements comme cela a pu être le cas sur certains terrains. »

Un message aux futures équipes municipales ? « C’est dès le début du mandat que nous devons établir les stratégies foncières afin de permettre une sortie rapide des opérations qui répondent aux besoins identifiés ; cela nous aide à maîtriser les coûts et réguler les prix. C’est là toute l’ingénierie que propose l’EPF. »