Tendance post-confinement
Vivre au vert
Le confinement a mis en lumière l’importance de disposer d’un espace extérieur privatif. Maison avec jardin, appartement doté d’un rez-de-?jardin, une terrasse... Ces biens et équipements nourrissent de nouvelles envies chez de nombreux citadins, désormais prêts à s’éloigner des grandes villes.
Reclus pendant deux mois pour cause de Covid-19, nombre de Français ont imaginé vivre autrement. Avoir plus d’espace pour vivre et dispo- ser à tout le moins d’un extérieur. Et beaucoup aspirent à davan- tage de tranquillité et de calme, aussi. Henri-Pierre Ravel, conseil en immobilier Valexim à La Tour- du-Pin, en Nord Isère, a senti la tendance se confirmer rapide- ment. «J’ai reçu 45 appels début avril venant à 90 % du bassin lyon- nais. Il leur fallait absolument une maison à la campagne, sans voisins», se souvient le profes- sionnel. Aujourd’hui, l’émotion liée au confinement est certes retombée, mais la demande de- meure soutenue. L’envie de calme et de nature persiste et les biens sont pris d’assaut. Antoine Didier, conseil en immobilier Valexim à La Côte-Saint-André, en té- moigne également; tout se vend, les maisons, les appartements les terrains. Même les biens jusque-là difficiles à vendre, tels cette maison de ville de 80 m2 sur quatre niveaux, à la Côte-Saint- André, sans terrain, sont partis. Les Lyonnais ont aussi beaucoup sollicité Antoine Didier pour des biens dans ce secteur au cœur de l’Isère: «Ils étaient déjà assidus sur ce marché depuis deux ans, leur présence n’en est que renforcée. »


Une maison sinon rien?
À Allevard, en Grésivaudan, Do- minique Rigoletti, conseil en immobilier Valexim, enregistrait déjà depuis trois ans un afflux de Grenoblois ou de Chambériens; des primo-accédants à la re- cherche de prix plus accessibles, voire des acquéreurs potentiels appréciant le cadre de vie qu’offre ce territoire. La tendance s’est confirmée après le confinement, avec, là aussi, une multiplication des demandes. « Les gens se sont sentis enfermés, ils aspirent à vivre en maison lorsqu’ils en ont les moyens», mesure la spécia- liste en transactions. Rares, les maisons sont effectivement très recherchées à l’instar de cette vil- la de 103 m2 avec sous-sol enter- ré et 1 031 m2 de terrain située à Saint-Pierre-d’Allevard. Vingt de- mandes, six visites en 48 heures et cette dernière était vendue au prix – soit 265 000€ ¬– à une famille habitant jusqu’ici Sasse- nage, dans l’agglomération gre- nobloise. Même si elle demande quelques aménagements de modernisation, cette villa s’est révélée financièrement plus ac- cessible dans ce secteur qu’elle ne l’aurait été en plaine. «Les maisons se vendent sur notre secteur entre 250 000 et 300 000 €. Le même type de biens coûterait 400 000€ sur la rive gauche de l’Isère, voire 500 000€ à Crolles», pointe Dominique Rigoletti.
Sortir des grandes villes
Quid des appartements ? Pierre-Henri Ravel était persuadé qu’il n’allait plus en vendre après le confinement. Il a pourtant aussi multiplié la vente de ces biens... Mais à condition qu’ils soient équipés d’un balcon ter- rasse, extension présente dans l’immobilier neuf ou récent. Les trois appartements (deux T3 et un T2) qu’il a par exemple ven- dus dans une copropriété récente de La Tour-du-Pin sont partis en quinze jours. Deux des trois ac- quéreurs viennent de l’ouest lyon- nais. «L’attractivité de La Tour- du-Pin, avec ses deux entrées et sorties d’autoroute puis sa gare, est très forte pour ces urbains. Et le week-end, ils sont déjà proches de la nature. Ces biens répondent entièrement à la demande for- mulée actuellement», mesure le
négociateur. Les appartements avec rez-de-jardin ont également beaucoup de succès. «Ils sont désormais très demandés, alors qu’il y a cinq ans, personne n’en voulait», observe Dominique Ri- goletti. Illustration? La vente cet été un T2 de 50 m2 avec rez-de- jardin dans un immeuble d’Alle- vard à une dame âgée d’Aix-en- Provence se rapprochant ainsi de sa fille qui habite la commune.
Un accès facile aux commerces
Et ce cas de figure n’est pas isolé, loin s’en faut. La négociatrice a également vendu à un monsieur âgé que la fille souhaitait rappro- cher un 43 m2 avec balcon dans le parc des Thermes d’Allevard. Les contraintes de déplacement vé- cues pendant le confinement ont aussi mis en avant l’importance des commerces de proximité. Rester proche des commodités devient essentiel que l’on soit jeune ou plus âgé. Un besoin il- lustré par ce couple de Savoyards qui a acheté 215 000 € une villa de plain-pied de 95 m2 habitables et 800 m2 de terrain à Saint-Didier- de-la-Tour, en Nord Isère. «Ils avaient pourtant une importante maison en pleine campagne précédemment», détaille Hen- ri-Pierre Ravel qui s’est chargée de cette vente. Pour l’heure, sur ce marché tendu où les biens se font plus rares, les ventes s’effec- tuent sans grosse augmentation de prix. « Chez certains vendeurs, le confinement a déclenché une peur de ne jamais vendre », ana- lyse Dominique Rigoletti.








