Reportage

REPORTAGE
Faut-il rendre obligatoire la rénovation énergétique des logements ?

La récente convention citoyenne pour le climat prône une obligation de rénovation énergétique des logements. Objectif : tripler les rénovations et qu'elles soient globales, plutôt que limitées à certains travaux. La sanction, faute de rénovation, pourrait être un malus sur la taxe foncière. Les professionnels pourraient y voir un business assuré. Mais Jean-Pierre Garcia, président de la Capeb 34 (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), s’oppose à ce projet. Explications.


Êtes-vous favorable à une obligation de travaux sur les ‘passoires thermiques’ ?

JP.Garcia. La Capeb y est opposée, car une telle mesure pourrait bloquer le marché des transactions. Beaucoup d’acteurs peu scrupuleux ont capté des subventions publiques, en pratiquant une concurrence déloyale, via des travailleurs détachés et des entités réduites en France à une simple boîte aux lettres. Nous aimerions que le gouvernement consulte les organisations professionnelles représentatives du bâtiment avant de prendre des décisions… Des organisations, il n’y en a pas 50, il y en a 2 ! (FFB et Capeb, note).

L’État attribue des sommes pour l’efficacité énergétique. Soit. Mais il faut aller plus loin sur des contrôles de qualité stricts et sur la bonne exécution des chantiers. Si des grands groupes captent de l’argent à travers ces dispositifs, mais que l’efficacité énergétique des logements ne s’en trouve pas réellement améliorée, on passe à côté de la plaque. Et c’est trop souvent ce qui se passe.


Les artisans et entreprises du bâtiment sont-ils prêts pour absorber une vague de commandes en matière de rénovation énergétique de logements ?

La filière est en ordre de marche pour l’émergence d’une filière écoconstruction. Les maîtres d’œuvre et entreprises sont de plus en plus sensibilisés. Dans l’Hérault, 470 artisans sont labellisés RGE (reconnus garants de l’environnement), dont 165 écoartisans.

D’autre part, la prise en compte des filières courtes se développe et la production d’éco-matériaux (bois, ouate de cellulose, matériaux biosourcés) émerge. Mais la commande publique n’est pas toujours adaptée pour favoriser l’écoconstruction. Nous demandons aux collectivités qu’elles adaptent les cahiers des charges de leurs appels d’offres, avec l’insertion d’une clause de qualité environnementale.

Il serait intéressant que la métropole de Montpellier communique sur les économies d’énergie dans les bâtiments et mettent en avant les artisans RGE et éco-artisans. Comme elle communique, par exemple, sur les économies d’eau.


Un autre message aux nouveaux élus communaux et intercommunaux ?

Nous interpellons les maires élus et nouveaux présidents d’intercommunalités pour qu’ils mettent en place et développent des OPAH (opérations programmées de rénovation de l’habitat). Ces opérations garantissent un volume d’affaires.

Il faut aussi promouvoir les réponses en groupements d’entreprises, et établir une méthode commune de calcul des prix, afin de permettre aux collectivités d’écarter les propositions anormalement basses.